Publié le 21 mai 2025

Madagascar est aujourd’hui confrontée à un défi majeur : près de 80 % de sa population reste déconnectée d’internet. Ce chiffre alarmant traduit une réalité sociale et économique lourde de conséquences. Alors que l’accès au numérique devient une condition essentielle d’accès à l’information, à la formation et à l’économie moderne, des millions de Malgaches vivent encore en marge de cette révolution.

Pourquoi une telle fracture ?

Cette déconnexion massive trouve ses racines dans plusieurs facteurs profonds. D'abord, il y a la question des inégalités territoriales : la majorité de la population vit en zones rurales, où l'accès à l'électricité et la couverture réseau sont encore très limités. Cela rend l'usage d'internet techniquement difficile, voire impossible. À cela s'ajoute le coût d'accès, qui reste très élevé. Depuis 2024, le prix du gigaoctet a doublé, représentant une charge disproportionnée pour des foyers dont le revenu est souvent très modeste. Quand on sait que le salaire médian à Madagascar dépassait à peine les 20€/mois en 2024**, que 10% des salariés captent 46,2% de la masse globale du revenu et qu'un forfait mobile avec internet démarre à** 3,5€/mois chez Orange**, on comprend un peu mieux les origines de cette fracture numérique.**

Sans compter que très peu de femmes et de jeunes en zone rurale disposent d'un smartphone ou d'une connexion personnelle. Le numérique reste encore, pour beaucoup, un luxe réservé à la tranche "haute" de la population.

Des initiatives voient le jour

Face à ce constat, des initiatives voient le jour pour combler le fossé. Le programme DECIM**, soutenu par la Banque mondiale, prévoit par exemple la distribution de plus de 600 000 smartphones,** en ciblant prioritairement les femmes et les régions les plus enclavées. D'autres efforts, comme ceux menés par le projet PRODIGY, visent à moderniser les infrastructures numériques de l'administration, facilitant l'accès à certains services essentiels. Parallèlement, des initiatives plus locales se multiplient : on voit apparaître des centres numériques mobiles, des hubs d'innovation, des solutions énergétiques adaptées aux zones sans réseau. Ces efforts, bien que fragmentés, montrent que des solutions existent.

Relocaliser la donnée pour la rendre plus accessible

Dans cet écosystème en mutation, certaines entreprises locales apportent une contribution discrète mais essentielle. 

C'est dans cette logique que nous voulons nous inscrire avec Hodi. En tant qu'acteur local de l'hébergement web, nous avons choisi de soutenir les porteurs de projets, les jeunes entreprises et les structures éducatives qui veulent construire des solutions numériques malgaches. Nous pensons que le numérique ne doit pas être un privilège réservé à une minorité connectée, mais un levier de transformation pour tous.

La fracture numérique malgache est réelle. Mais elle n'est pas une fatalité. Avec de la volonté politique, de l'innovation sociale, et un engagement accru des acteurs locaux, Madagascar peut réussir son tournant digital. L'enjeu est immense : il s'agit non seulement de connecter un pays, mais d'offrir à chaque citoyen une chance d'être acteur du monde de demain.